Lucien castaing-taylor et verena paravel
Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel sont cinéastes. Pour le New York Times, leur oeuvre établit “la fusion de la recherche universitaire et de l’art & essai”. L’un est professeur à Harvard : son cours de rentrée s’intitule “Critical Media Practice”. L’autre y a enseigné les études visuelles et l’anthropologie. Ils collaborent au sein du “Laboratoire d’Ethnographie Sensorielle”, une structure hors-normes. Le premier film qu’ils ont réalisé ensemble – Leviathan – a connu un succès international et ils continuent depuis à réinventer le genre documentaire : dernièrement, Somniloques, sur le plus bavard de ceux qui parlent dans leur sommeil et Caniba, sur un authentique cannibale japonais.
Boris lojkine
Boris Lojkine est cinéaste. À 19 ans, il est reçu major de Normale Sup’. Il est donc très fort en latin, en grec et en surtout en philosophie. Il écrit une thèse sur “Crise et histoire”, avant de passer l’agrégation. Puis il arrête tout. On le retrouve caméra au poing, ayant appris le vietnamien et le métier de cinéaste. Il réalise deux documentaires au Vietnam, projette de tourner au Congo – sur les Pygmées, puis les Mai Mai – mais est déjà passé à autre chose. “Le voyage m’a amené au documentaire et le documentaire au cinéma”. Son film Hope, une fiction tournée au Maroc avec des clandestins camerounais et nigérians en route pour l’Europe, a été primé à Cannes en 2014. C’était le 22 mai. Dix jours avant, en écoutant les infos, il apprenait la mort en Centrafrique d’une “photographe de guerre” française. Depuis, il s’est emparé de la vie de cette inconnue pour en faire un film sorti en 2019. Son titre : Camille.
Yves ubelmann
Yves Ubelmann est architecte et entrepreneur. Il a travaillé sur des sites du patrimoine mondial en Syrie, en Iran, en Afghanistan et au Pakistan avant de fonder une société, Iconem, avec un ancien pilote d’hélicoptère. Ils conçoivent des drones, développent des modèles de numérisation 3D de sites archéologiques et sauvent la mémoire de l’humanité avec une technique, la photogrammétrie, qui ne date pas d’hier (1849). Combinée à l’intelligence artificielle (des algorithmes conçus par Microsoft, Normale Sup’ et l’Institut de recherche en informatique INRIA) la photogrammétrie a permis à Iconem de numériser 150 sites dans 28 pays. À Paris, deux expositions immersives ont rencontré un vif succès public (200 000 visiteurs) : au Grand Palais sur les bouddhas de Bâmiyân et à l’Institut du monde arabe sur des théâtres antiques construits il y a 2 000 ans pile.
Delphine deloget
Delphine Deloget est cinéaste-journaliste. Mercredi 22 novembre, c’est le grand jour : Rien à Perdre (avec Virginie Efira), son premier long-métrage, sort au cinéma. Le pitch : « Ce qui reste d’une famille quand tout a explosé, à commencer par la friteuse un soir dans un appartement ». Le film était, cette année, en compétition officielle au Festival de Cannes. Tapis rouge et montée des marches (avec Virginie Efira). Photo call et standing ovation (avec Virginiiiiie Efffffiirrrraaa). C’est ça la magie du cinéma. Delphine raconte aussi très bien les histoires pas glamour qu’elle rapporte de terrains rudes : Voyage en Barbarie, sur le trafic d’êtres humains (des Erythréens en route pour l’exil) a obtenu le prix Albert-Londres. Elle est de Paimpol.
Franck tassel
Franck Tassel est bruiteur. Il dit des choses comme :“Un bon bruitage, c’est celui qu’on n’entend pas”. Son métier consiste à recomposer tous les sons qui donnent vie à chaque scène, sachant que sur un plateau de tournage, seules les voix sont clairement enregistrées. Règle d’or : être parfaitement synchrone. Et il fait ça parfaitement bien, considérant le nombre impressionnant de films qu’il a bruités : une douzaine par an depuis une douzaine d’années. Pas de récompense pour les bruiteurs, ce qui est parfois vécu comme une injustice par ces hommes de l’ombre. (Car ce sont des hommes, la bruiteuse est rare. Comme nous l’apprend une étude du Collectif 50/50 pour la parité, le métier est masculin à 90%).
Nina meurisse
Nina Meurisse est actrice. Elle aurait pu apprendre à “jouer la comédie” dans un cours de théâtre (Molière ou Tchekhov) et finir sur grand écran dans un film français. Mais elle a fait l’inverse : recrutée pour le premier rôle d’enfant dans Saint Cyr de Patricia Mazuy lorsqu’elle avait 11 ans, elle est finalement entrée au Studio Théâtre d’Asnières (Molière) puis à l’académie des arts de Minsk (Tchekhov). Plus tard, elle a tourné avec Stéphane Brizé et Agnès Jaoui, fait la tournée des scènes nationales dans une adaptation de… Tchekhov. Elle sera une jeune prof drôle et foutraque dans la série Voltaire Mixte pour Amazon Prime. L’année dernière, elle était Camille, un rôle qui lui a valu une nomination aux Césars : meilleur espoir féminin.