Anne-sarah kertudo
Anne-Sarah Kertudo est juriste, directrice de l’association Droit Pluriel « pour une justice accessible à tous ». Elle vient de réaliser pour France 5 Parents à part entière où elle tente de répondre à la question : « Comment protéger son enfant si on ne voit pas les voitures arriver au moment de traverser ? » Cette histoire, c’est la sienne. Elle a également publié Est-ce qu’on entend la mer à Paris ? Histoire de la permanence juridique pour les sourds. Ce service de la Ville de Paris, gratuit, unique en France, c’est aussi son histoire. Elle l’a créé pour permettre à ceux qui ne parlent que la langue des signes de respecter l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ». Son adage à elle, c’est « il n’y a pas de honte, rien n’est grave, sauf peut-être de ne jamais être soi« . Elle est l’héroïne d’un roman de Mathieu Simonet. Le titre : Anne-Sarah K.
Marie-josé tubiana
Marie-José Tubiana est ethnologue, chercheuse honoraire au CNRS, auteure de six ouvrages sur les peuples – tantôt sédentaires (Furs, Zaghawas, Massalits), tantôt nomades (d’origine arabe) – des confins du Soudan et du Tchad. Tout a commencé en 1945 : la jeune Marie-José Pénissou, bachelière de l’année, obtient de l’université de Bordeaux de créer spécialement pour elle un département d’ethnologie, pour retarder son départ à Paris. Elle intègre finalement le Musée de l’Homme, l’année de ses 23 ans. Ses maîtres s’appellent Claude Lévi-Strauss, Jean Rouch et Michel Leiris. Ses terrains ? Les hauts plateaux de l’Ennedi et du Ouaddaï, et le Darfour (son désert, sa savane et son djebel qui culmine à 3000 mètres). Elle les arpente avec son mari ethnologue pour en décrire précisément les systèmes économiques et sociaux. Et qui garde les enfants ? Le temps d’une année scolaire, elle les confiera à l’institutrice. Sans rancune aucune, son fils Jérôme Tubiana est devenu docteur en études africaines, journaliste et analyste spécialisé dans les conflits et groupes armés. Son terrain de prédilection : le Darfour.
Nora philippe
Nora Philippe est réalisatrice de documentaires, commissaire d’exposition et productrice. Au départ tout était beaucoup plus simple : elle était normalienne. Mais elle a tellement adoré faire des études qu’après les lettres modernes et l’histoire de l’art, elle s’est lancée dans l’anthropologie et le cinéma. Depuis, elle multiplie les occasions de retourner à l’université : Columbia par exemple où elle est en résidence cette année (Institute for Imagination and Ideas). Des idées et de l’imagination, elle en a. De la curiosité aussi : pour le peintre belge James Ensor (le film qu’elle lui a consacré, Les Ensortilèges, a été distingué par une Étoile de la Scam) et pour une agence Pôle emploi de banlieue parisienne (Pôle emploi ne quittez pas !). Depuis trois ans, c’est à une collection de poupées de tissu africaines-américaines qu’elle se voue : elle en a fait un film, un livre et une exposition. Elle avait consacré ses études en histoire de l’art à la couleur (l’invention du blanc, en particulier) donc il était logique de s’intéresser à son envers, le noir.
Françoise mouly
Françoise Mouly est artiste, graphiste et depuis toujours ou presque, directrice artistique du New Yorker. Son métier c’est la maïeutique. L’art d’accoucher chaque semaine d’une image : la couverture toujours dessinée et qu’aucune titraille ne vient compléter – de l’hebdomadaire tiré à un million d’exemplaires. Elle travaille avec les plus grands, en coulisses, et pourtant c’est elle qui a dessiné peut-être la plus célèbre des Unes du magazine, en septembre 2001 : les tours jumelles, en noir sur fond noir, sur une idée de son mari Art Spiegelman. Avec lui, elle avait fondé en 1980 la légendaire revue graphique RAW, qui contribua à faire de la bande dessinée un art adulte. A ce propos, elle était tout juste majeure quand elle a quitté Paris pour une année sabbatique à New York. Elle n’a jamais réussi à rentrer : c’était fichu pour les études d’architecture (1er art) mais pas pour le dessin et la BD (9e art).
Nathalie rykiel
Nathalie Rykiel est écrivaine, après avoir dirigé une maison de couture pendant 20 ans. Elle a été directrice générale, directrice artistique, présidente, et vice présidente du conseil d’administration de Sonia Rykiel, à la fois affaire familiale et marque globale – 30 pays, 65 boutiques, 80 millions de chiffre d’affaires – tellement globale que c’est un groupe chinois qui finira par l’acheter. La grande aventure de la vie de Nathalie, ça a été sa mère. Elle lui a offert le plus enchanté des anniversaires (un défilé immortalisé par Loïc Prigent, en 2008), elle vient d’inaugurer une rue qui porte son nom (l’allée Sonia-Rykiel, une première à Paris pour une figure de la mode). Et elle continue d’en faire des livres, dernièrement Écoute-moi bien (chez Stock). Son autre aventure a été de s’inventer, elle aussi, en femme libre. Tour à tour mère parfaite, parfaite amoureuse (la lingerie, les sex-toys, Les Grands classiques de la littérature libertine en 20 volumes, c’est elle) et femme de tête. Le plus intéressant, naturellement, c’est de mélanger toutes ces vies, toutes ces femmes, en une “Mets tes talons les plus hauts, tes chaussures les plus rouges, viens, on danse maintenant”.